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Un colloque organisé par le Clis a eu lieu vendredi dernier 29 mars 2001(journée complète) à Bar-le-Duc, avec la participation d'une brochette de "responsables" nationaux et étrangers. Présentations et débats fort intéressant et instructifs et les quelques citoyens-résistants dans la salle ont pu dénoncer (parfois avec véhémence) un certain nombre de choses (non concertation, fausse démocratie, attitudes honteuses de certains politiques...).

Le débat a été intéressant et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on a entendu les associatifs.

Sur le fond, il se confirme qu'il n'est envisagé de réversibilité que sur une période limitée. Le point commun à toutes les approches des divers pays, sous le flou parfois entretenu du terme, est qu'à un moment donné, il faut passer à un stade où ne joue plus qu'une sécurité passive fondée sur les diverses barrières (conteneurs, barrières dites ouvragées, barrière géologoique). C'est le concept développé par la CNE d'ENTREPOSAGE <sous-entendu en profondeur d'après ce qui suit> CONVERTIBLE EN STOCKAGE PROFOND <sous-entendu irréversible par opposition à la période où l'on est encore en situation d'entreposage et où il y a donc réversibilité de la décision et récupérabilité des colis>. Le passage se fait bien sûr lorsque la décision de fermeture est prise, ce qui suppose alors un véritable scellement sans lequel il serait même a priori illusoire de vouloir faire jouer la barrière géologique comme sécurité passive. Ajoutons que l'évolution même du stockage en profondeur poussera à fermer (voir citations de la CNE en-dessous).

Dans tout cela rien de nouveau pour nous qui au contraire demandons une sécurité active fondée sur la surveillance humaine avec récupérabilité et reconditionnement possible des colis (jusqu'à ce qu'une moins mauvaise solution soit trouvée). Pour cela bien sûr il est inutile et même contre-indiqué d'aller enfouir les colis à des centaines de mètres sous terre, il suffit d'adopter une solution en subsurface restant en fait une solution en milieu ouvert, puisque les quelques dizaines de mètres entre colis et surface du sol ne prétendent pas protéger contre les colis disposés à l'intérieur, mais contre les dangers venant de l'extérieur. Le grand inconvénient que le nucléaire trouve à cette solution (qui correspond globalement à ce qui se passe pour les verres de La Hague, dans leurs alvéoles à même le sol des entrepôts car il n'est pas question d'ici Centre de Stockage de la Manche bien sûr) , cest que c'est une solution coûteuse en fonctionnement.

Comme illustration de tout ce qui est dit là, le texte du tract que nous avons distribué (il est fait uniquement de citations tirée des sources officielles (sauf pour la dernière, qui comme la présentation l'indique ne fait pas partie de ce qu'is "disent eux-mêmes".

LA REVERSIBILITE DU STOCKAGE GEOLOGIQUE, UN LEURRE : ILS LE DISENT EUX-MÊMES

La Commission Nationale d'Evaluation, rapport sur la réversibilité de juin 1998, parle (p. VIII) de "stockage en profondeur supposé réversible pendant sa phase d'exploitation (50 à 70 ans) et irréversible après sa fermeture définitive" ou (p. 12) de "stockage géologique dont la vocation est d'être fermé pour bénéficier aussi rapidement que possible des dispositions de sûreté passive qui sont mises en oeuvre dans un tel stockage".

Plein jour (Journal de l'ANDRA Antenne Haute-Marne/Meuse), n° 13 (oct. 98), nous dit: "Il ne faudrait pas diminuer la sûreté d'un éventuel stockage sous couvert de réversibilité." et ajoute, citant le même rapport de la CNE, "Dans l'hypothèse de la création d'un centre de stockage après des études favorables en laboratoires de recherche souterrains, la réversibilité durera dans tous les cas au moins 70 ans. C'est en effet le temps nécessaire à la construction du stockage et à son exploitation, note la Commission Nationale d'Evaluation"

MAIS, dit plus loin le même article de Plein Jour : "Un site de stockage entièrement réversible, autrement dit accessible en permanence, ne devra pas l'être de manière définitive. A cet égard , la commission recommande une procédure d'autorisation d'exploitation d'un éventuel stockage pour une période déterminée, éventuellement renouvable plusieurs fois, mais en aucun cas définitive"./

"Dans cette solution, la durée de la réversibilité, et donc le délai de décision, ne saurait durer trop longtemps (tenue des colis en milieu oxydant, maintenance et surveillance prolongées, tenue mécanique des ouvrages et soutènement, exhaure, aléas politiques et sociaux imprévisibles sur une longue période)" (rapport déjà cité de la CNE, p V; cf p. VI : "le délai de la décision cruciale doit être assez long , mais limité à quelques décennies"), D'AUTANT QUE "l'ensemble doit constituer une position équitable vis-à-vis des populations présentes et futures, et maintenir des coûts qui assurent la compétitivité de l'industrie nucléaire" <autrement dit, s'il s'imposait des contraintes réelles de réversibilité, qui supposeraient d'ailleurs qu'on passe à une gestion des déchets en subsurface avec surveillance humaine et possibilité d'accessibilité permanente pour reconditionne-ment aussi souvent que nécessaire, le nucléaire ne serait plus rentable, NDLR>/

Le principe du "scellement", antinomique de la réversibilité, devient, dans la cas d'un stockage géologique fondé sur un principe de "sécurité passive" (on l'a vu : cadre 1), tellement impératif que la CNE doit ajouter, qu'au cas où on voudrait poser de simples capteurs pour avoir une idée de l'évolution des colis ainsi enfouis, "Il sera nécessaire de démonter que l'implantation des capteurs n'entraînera pas un risque de cheminement préférentiel pour les radionucléides ou les gaz" (p. 35)/

Yannick Barthe, chercheur au Centre de Sociologie de l'Innovation de l'Ecole Normale Supérieure des Mines de Paris, dans une audition devant la CNE, à propos de l'enfouissement : "Le principe de base de cette option est précisément l'irréversibilité du stockage" ou encore "Le stockage en profondeur doit être par définition irréversible"

Compte-rendu préfectoral de l'enregistrement des propos tenus le 15/11/99 par M. Pierret venu installer à Bar-le-Duc le Comité Local d'Information et de suivi : "Les enquêtes publiques ont cependant montré que la réversibilité était un élément décisif de la confiance des populations concernées. C'est pourquoi une irréversibilité immédiate incluant la notion d'oubli et d'abandon n'est pas acceptable aux yeux du public ... La réversibilité est donc un moyen d'établir pendant plusieurs dizaines d'années, 50 je ne sais pas, pendant plusieurs dizaines d'années, la crédibilité des solutions techniques retenues pour un stockage et d'emporter la confiance du public."

Relevé de conclusions du cabinet du Premier Ministre du 9/12/99, p. 4 :"La CNE, bien évidemment, constate que si la réversibilité est facile dans des cas d'entreposage en subsurface, la réversibilité est complexe pour les stockages profonds à cause de la triple barrière : conteneur plus barrières ouvragées plus barrières géologiques, elle est difficile voire improbable à long terme."

 

LAISSONS LE MOT DE LA FIN ... A ARJUN MAKHIJANI (Physicien nucléaire directeur de l'Institut de Recherche sur l'Energie et l'Environnement, conférence de Bar-le-Duc, 27 juillet 2000).

"L'enfouissement n'est pas fiable pour piéger la radioactivité. Des essais ont déjà été réalisés aux Etats-Unis : on pensait que les déchets seraient piégés par les argiles pendant 200 000 ans... En fait, ces déchets ont migré en 20 ans dans la nappe phréatique située à 5 mètres en-dessous..."/

Puisqu'"ils" vous le disent ! Pierret a même la gentillesse de vous prévenir que tout ce baratin sur la réversibilité, c'est un question de comm(unication) purement et simplement.

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